Un trouble dans l'air, une densité qui s'épaissie, tels le sang lors de la coagulation, mais qui semble ici irréel,à l'image d'un voile qui se déchire.
Les minces bras du pantin d'os et de chaire se sont alors refermés autour du corps de cette présence jumelle, lorsque la boule d'acier organique s'est recroquevillée contre sa chaire blanche.
Et tout alla plus vite, s’accélérant, le souffle dans ses poumons, son coeur, dans ses tympans, le flot continuel et vital, courant et galopant dans ses veines bleuies et atrophiées, ses iris s'étrécissant, comme sous le flot d'un buvard d'acide qui promptement, se dissous et s'éviscère, libérant ses substances hallucinogènes sous un muscle mobile, noyées sous des vagues de salive..

Ses pieds nus s'enfoncent dans une mélasse puante, mélange d'eau salée, de boue et de végétaux,d'animaux et insectes pourrissants. La vase gluante s'insinue entre ses orteils, et alourdit son pantalon qui glisse légèrement de ses hanches d'épouvantail. Birdy hisse le jeune garçons contre lui, glissant un doigt rapide sur la carapace soyeuse du petit insecte qui lui tient chaud au creux de la clavicule..L'air est irrespirable, et le jeune homme semble suffoquer dans l'air lui-même. Sa voix n'est pas encore revenue du choc, prisonnière de cette éclipse temporelle extraordinaire.

Il se sent encore embrouillé. Les images résonnent dans sa tête et instinctivement, Moustique cherche encore l'homme à la canne de tout à l'heure. Sa main attrapée le fait presque sursauter, mais il décide de serrer ses doigts dessus, se forçant à rester dans cette réalité ci. Il se concentre tant dessus qu'il voit à peine le paysage qui se met à changer ; juste une l'impression que tout tourne, tout est lourd et léger à la fois. Il se met à craindre qu'il est de nouveau en train de sombrer ; ne le veut pas et s’exhorte à ne pas regarder. Et ne réalise finalement pas.

Il se réveille juste quand Birdy le prend contre lui. Le porte en fait et pour ne pas tomber, il s'accroche comme il peut par réflexe, s’accommode à cette nouvelle position. Il cligne un peu des yeux, regarde fébrilement à droite et à gauche pour voir... pas grand chose, en fait. Il regarde sa main, celle qui tenait la torche et voit qu'elle n'est pas là. Il a du la faire tomber lors de son rêve étrange. Boulet. Mais une chose et sûre, c'est qu'il n'est plus sur la plage.

« On est où ? Je-J'suis encore en train de rêver ? » Sauf qu'il n'est pas seul. Il recule juste assez pour voir le visage de Birdy et l'imagine mal, lui attrape les tempes et le force à croiser son regard « Tu restes avec moi ! Ok ? On reste ensemble et ça va aller. » Il lui sourit. Un sourire qu'il espère rassurant « Et accessoirement, tu peux me poser. »

Son coeur sonne sourdement dans la cage d'os du torse du jeune homme, alors que ses bras sont resserré autour du brun. Ce dernier commence à s'agiter, lever la voix, mais le perroquet ne réagit pas, les yeux dans la vague d'atmosphère qui ondoie autour d'eux. Ce n'est que lorsque deux mains douces se posent sur ses joues que ses pupilles retrouvent un repères, se plantant dans les yeux bleus de Moustique. Il hoche la tête, encore atone du choc, desserrant sa prise et reposant son précieux sur un endroit moin spongieux que la boue et l'eau saumâtre dans lesquelles sont enfoncés ses pieds. Le léger et sublime reflet de la lune sur la carapace bleue-noire de sa petite amie le rassérène aussi, tandis qu'il émet un doux sifflement rassurant en effleurant l'armure si douce de sa Yulia. Sa voix s'élève enfin, basse. :" Non..nous avons visiblement été..transporté dans la jungle. Nous devrions trouver un endroit un peu plus dégagé, ou au moin..un peu moin humide." Birdy lève ses iris opalescents vers l'éclat de la lune qui perce les feuillages opaques et luisant, tendant la main vers son compagnon. "..Continuons.."

Spoiler:

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Moustique écoute, hoche la tête et respire lentement. Il ne l'aime pas, cette situation, parce qu'il ne la comprend pas. Quoi que même s'il la comprenait, il ne l'aimerait tout de même pas trop. Mais il se veut fort, il veut montrer qu'on peut aussi compter sur lui, alors, croise les bras pour ne pas montrer qu'il a la chaire de poule. Poule mouillée.

« J'vois pas Babouche et Swatch. Tu crois qu'ils sont restés sur la plage ? J'espère qu'ils vont bien. »

Il soupir, agacé de voir qu'ils ont été séparé des deux seules personnes qui étaient dans le même cas qu'eux. Puis il les aime bien, les blonds. Mais là, quoi ? Retourner sur la plage ? Faudrait-il encore savoir où est la plage. Il attrape la main de Birdy et se décide à ouvrir la marche, car faut pas abuser, lui aussi est fort ! À sa façon.
Les racines se font fourbes, des branches moqueuses lui tapent l'épaule, et lui en profite pour guider l'oiseau hors des pièges qu'il se prend. Car même s'il manque de tomber, se mange tout ce qu'il croise, incroyable, mais Moustique avance avec régularité. Laborieusement, certes.
L'obscurité augmente et bientôt, la lune fait figure d'ampoule grillée. Le plus jeune des bruns déglutit doucement.

« Je me fait manger par mes congénères, je crois. La solidarité, c'est pas pour cette nuit. Ah. Ça va les attirer encore plus, mais...Torches ? »

Oui, ça serait si bien, une torche.

Le petit brun est agacé, probablement (plus que probablement) inquiet par la situation présente, mais il prend les devants, et serrant la main de l'oiseau de la nuit, guide leurs pas dans cette jungle organique.
Lui aussi se pose bien des questions sur leurs anciens compagnons d'infortune. La jeune blonde ne s'en sortira pas, et l'autre jeune homme est salement blessé. Sa main se resserre, alors qu'ils avancent lentement mais régulièrement, sentant parfois la pression sur son bras changer lors d'un déséquilibre de son guide. Les moustiques tournent autour d'eux, désagréablement, et les pantalons se font de plus en plus lourds, imbibés de boue et d'eau.
Je me fait manger par mes congénères, je crois. La solidarité, c'est pas pour cette nuit. Ah. Ça va les attirer encore plus, mais...Torches ?
Il secoue la tête négativement, contrit. Dans ses poches, rien ne semble le permettre. "Je suis désolé. A ce stade, nous sommes démunis.Nous devrions essayer de trouver un lieu moin couvert..et de trouver un lieu en hauteur pour nous reposer, en attendant le jour.."

« Ah. »

Pas de bol, l'espoir des torches s'envole. Oui, ça lui revient, le briquet, il était à Swatch. Et maintenant ? Il pourrait chercher dans ses poches, peut-être a-t-il un truc utile ? Mais avec l'obscurité, il imagine les choses lui échapper et être introuvable dans l'eau. Or, il ne veut pas perdre ses objets d'avant. Pas déjà.

« Y'a plus qu'à avancer et souhaiter avoir le coquillage bordé de nouille ! » lance-t-il avec un enthousiasme feint.

La progression se fait plus malaisée encore. Moustique manque de tomber, se cogne, se fait souffleter par quelques branches qui lui arrachent des « mirlipili », « merle » et « salopettes » grognés entre les dents. Il se sent transpirant mais refuse de s'effeuiller un peu plus, convaincu que ses manches longues le protègent courageusement de quelques piqûres. Cette journée ne restera pas dans sa mémoire trouée comme la plus facile à vivre.

« Je hurlerai bien pour savoir s'il y a du monde, mais j'ai peur que ça attire... quoi que ce soit qui se trouverait ici. » Il parle à voix basse, fonce les sourcils de réflexion. Son ton s'agite « Une idée de ce qu'il y a ici ? J'imagine des serpents. Et des insectes, forcément. Des crocos ? J'espère pas. » Stressé, le Moustique ? Si peu... « La plage, c'était pas si mal finalement. »

L'étreinte de sa main se resserre sur les doigts de l'oiseau.

Il se rapproche du petit brun pour calmer son inquiétude ,marchant à pas difficiles dans le liquide saumâtre. D'abord enthousiaste, les sourcils de son compagnon se fronce, ses dents se serrent et sa voix devient grondante.
"Une idée de ce qu'il y a ici ? J'imagine des serpents. Et des insectes, forcément. Des crocos ? J'espère pas. La plage, c'était pas si mal finalement.." La mangrove est un bourbier assassin, une assemblée de prédateurs vous jugeant de leurs regards affamés et effroyablement intelligents..humains...
Un sourire jaune vint orner ses lèvres, écartant les plaies de ses agrafes d'acier.
Sa voix sourit, tandis qu'il répond , amusé, qu'il ne voudrait sûrement pas savoir ce qui pouvait s'y trouver, avants qu'un choc le fasse se retourner.
Il ne voit encore rien, sauf lorsqu'il baisse les yeux, pour les poser sur une petite silhouette aux cheveux évanescent de spectre. Un enfant...
"Pardon, j'espère que je ne t'ai pas fait mal."
Il ramena Moustique à 'équilibre, secouant la tête. "Non, moi je vais bien. Et toi ?"

La voix douce de l'oiseau chantonne dans ses oreilles et bientôt, lui aussi tente de calmer un peu son humeur. Il respire plus lentement, plus profondément et essaye de tirer un bon point de toute cette situation : il n'est pas seul et son compagnon est d'un calme contagieux. Voilà. Ça ne sert à rien de paniquer quand à ce qui va venir.

Paniquer sur le présent est bien suffisant.

Moustique aurait voulu lui dire, à Birdy, qu'il était content d'être avec lui. Ça l'aurait fait rougir et perdre ses moyens après coup, mais ç'aurait été sincère. Sauf qu'il entend les « sportch sportch » de quelque chose courant vers eux, puis le bruit sourd de quelque chose qui entre en collision avec un autre et à ça, il s'était assez raidit pour ressembler à une planche de bois. S'il avait eut le moindre souvenir de sa vie, sans doute l'aurait-il vu passer devant ses yeux, même. Mais il décrispe bien vite en entendant la voix d'un enfant. Rien de dangereux, pas vrai ? Alors, Moustique se rapproche, assez pour voir au moins la silhouette et être en vue lui-même. Il ne dit rien, adresse juste un sourire et un salut de la main.

Pas la peine de bombarder de questions, il laisse Birdy s'en charger pour le moment. Et de toute façon, sa gorge est encore trop nouée de stress pour exprimer quoi que ce soit d'humainement compréhensible.

Les larmes attrapent les pâles rayons lunaires, renvoyant la lumière avec une nouvelle intensité éphémère qui se grave dans les pupilles de Birdy. Le petit garçons parle avec le langage du mensonge innocent, masqué.
Les doigts squelettiques du jeune homme viennent finir le travail des petites mains de l'enfant,essuyant les émotions salines du visage de porcelaine, avants de tendre la main.
"Des éclaboussures, sans doutes. Viens avec nous, tu pourrais nous aider...Le jeune homme à mes cotés se nomme Moustique. Comment t'appelles-tu ?" Sa voix est douce, mesuré, à la fois pour ne pas l'effrayer, conscient de son octave grave et rauque, et pour ne pas attirer quoiqu'il fut possible. "J'ai aussi une jeune amie sur l'épaule. " Son bras vint inconsciemment se placer autour de la taille de Moustique tandis qu'il ne le regarde pas, pour s'assurer que sa présence fine est bien là, contre son flanc, résonnante de son corps qui bat la chamade, les troubles réguliers de sa cage thoracique faisant trembler le tissus humide qui recouvre le torse malingre de l'oiseau de nuit.

Spoiler:

Contre l'oiseau, il s'inquiète, le Moustique. Il se demande s'il sent bien l'agitation dans la cage contre laquelle il est ? Il se demande si ça va, ce qu'il peut faire au juste. Il lui jette un regard interrogateur, certain que l'esprit vif de Birdy comprendra cette question silencieuse.
Tu vas bien... pour de vrai ?

Un sourire encourageant, il pose la main sur l'épaule, simulant un besoin d'équilibre -qui finalement, n'est pas si faint que ça compte tenu de la bouillasse dans laquelle ils pataugent- et tourne sa petite tête vers le gamin. Il se demande ce qui a pu se passer, n'est peut-être pas très vif et psychologue, mais pas si con pour autant, il sent qu'il y a baleine sous gravillon. Mais peut-être que ce ne sont pas ses oignons, pas encore. Alors, il ne demandera rien à ce sujet.

" Et lui c'est Birdy, ajoute-t-il d'une voix encore rauque d'émotion, on cherche aussi un endroit pour la nuit. Autant allier nos efforts, non ?"

Puis, en chevalier qui se respecte, Moustique se sent incapable d'oublier qui que ce soit derrière. Il grimace un peu en pensant aux Blonds.
Souhaite de tout coeurs qu'ils aillent bien.

La main près de sa protégée, le jeune Moustique semble prendre un peu plus d'assurance..autant que effleurement de soie d'araignée dans une lumière obscure, brillant malgrès sa fragilité. Lui même garde sa prise sure, et acquiesce lorsque le petit garçons se trouve un nom. BD. Sommes toute, la est une nomination qui correspond au petit être.
Ce dernier sort une lampe torche, dont le faisceau agonisant apparaît vite, après une opération de secour consistant à son démembrement total, avant recréation du corps métallique. Il plane a l'horizontal, éclairant l'eau croupie. Le jeune homme resserre sa main sur celle de l'enfant,murmurant.
"..J'ignore si les créatures alentours ne vont pas la voir et venir par curiosité...surtout les moustiques qui assaillent déjà le notre..." Nombres animaux comprendront que cette lumière qui se ballade n'est pas naturelle..et l'oiseau de nuit aurait préféré ne s'en référer qu'au blême astre lunaire..

Pas de réponse télépathique à la question silencieuse, Moustique se demande où il a fauté. Est-ce une omission volontaire de la part de Birdy ? Ou lui qui est franchement nul pour parler du regard ? Il se met à fixer BD, louche dessus, grimace presque à tenter de faire passer le message : BD, c'est cool. Fin de transmission.
Il lui faudra le rayon de lumière, même faiblard, pour le faire penser à autre chose.

« UNE LAAAAMPE ! »

Exit les idées de virilités, ce cri d'enthousiasme digne du plus grand gloussement de pucelle vient de foutre un bon coup de poings dans les parties de ces dernières. Adieu aussi la prudence jusque là conservée. Moustique sent qu'il a fait une bourde, plaque ses mains sur sa bouche et marmonne un étouffé « héhhohlhé » inquiet. Il furette à droite, à gauche et hausse les épaules en baissant doucement les mains.

« La prudence, oui, c'est bien aussi » chuchote-t-il. Moustique respire un peu et hoche la tête « On sait plus nos prénoms non plus, en fait. Mais il se passe trop de truc bizarres pour qu'on s'en inquiète maintenant, y'a d'autres priorités. » Il sourit, renifle un coup et se redresse. « On fait équipe. Il faut donc se trouver un nom de groupe maintenant ! »
Ou comme on dit, chacun ses priorités, oui.

Il hoche la tête, reprenant sa marche sans céder sa prise sur la faible cage thoracique du jeune brun, marchant prudemment dans le bourbier saumâtre. Sous le couvert des arbres, la lune offre des rayons diffus, créant des pans de voile soyeux qui se déploient, tels des toiles d'araignée légères. Les gouttelettes d'humidité ondoient sous leur chemin, tournant autour d'eux, dansant avec la peuplade de moustiques sauvages. Il rapproche le petit garçons de lui, le haussant parfois sur des obstacles invisibles, comme il le fait pour Moustique, et comme il accepte qu'on le fasse pour lui. Nul d'eux n'est un prédateur avisé à voir dans le noir, mais il faut reconnaître que Birdy s'en sort bien, surveillant tout mouvements suspects.
"..J'ignore combien de temps il nous faudra marcher, pour trouver de quoi dormir..si l'un de vous est trop épuisé,n’hésitez pas..Pour le nom..je vous laisse débattre." Lui même s’essouffle,son pantalon gorgée d'eau rend difficile sa progression, alourdissant ses pas de boue, mais son vague sourire emprunt de douceur et de douleur ne s'estompe pas de son visage de verre.

Spoiler:

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La marche est pénible. L'eau semble drainer l'énergie comme une sangsue et chaque pas se révèle plus fatiguant que le précédent. Puis, à être collé contre Birdy, Moustique ne se sent guerre libre de  ses mouvements. Pire, il se demande si son compagnon n'use pas encore plus d'énergie à les protéger et aider tout les deux comme il le fait. Alors, il se secoue un peu, se dégage et attrape fermement la main de son oiseau.

« Pareil pour toi, tête de moineau ! Hey, on est des gars aussi, pas en sucre. Pas vrai BD ? Alors, pense un peu moins à nous et plus à toi, d'accord ? On est une équipe. »

Il lance un sourire à ses deux compagnons, un sourire sincère et encourageant, cherche aussi un peu d'approbation dans le regard de son oiseau, du gamin mais voir quelque chose d'aussi délicat avec si peu de lumière ? Il reprend la marche. Il en a marre de patauger, mais en a davantage marre d'être un maillon faible alors non, il ne se plaindra pas. Il préfère piailler joyeusement à voix basse, espérer.

« Et un nom d'équipe, ça se trouve en marchant aussi ! » Minute de réflexion. « Ou on peut marcher en silence, évidement. Ça serait plus prudent, hum ? »

Plus flippant aussi, mais il n'ose pas le dire.

Son siblylle se dégage de son étreinte, prenant les devants, prenant sa main décharnée de noyé en quête d'oxygène. En ce vague instant, Le regard du jeune homme se noie dans les éclats de saphir de son reflet, cherchant un "pourquoi" qui pourrait résister aux courants de cet iris indécemment optimiste.
L'enfant-spectre aussi se dégage de sa prise protectrice, sous couvert d'une aile sans plume; Tout deux lui ôtant les petites sources de chaleur humaine et de rythmes cardiaques sur lesquels reposer son souffle en agonie.
Son front est couvert de sueur, ses narines frémissent à cette odeur qui vient s'ajouter au fumet du bayou, une odeur de sel organique, vivant. Son bras s'ébranle, suivant le mouvement du petit fantôme alors qu'il semble connaitre un événement douloureux, affirmé par sa voix hésitante. La fenêtre de son âme est fissurée.
Sans un mot, Birdy s’arrête, retenant d'une pression douce l'élan de son amie, et il vient hisser l'enfant sur son dos, cette cage où résonne un bourdonnement de fluide ,courant d'une pompe de fibres, aux plus fines capillaires de son corps, et où l'atmosphère putride est filtrée, se rompant en son sang.
Il affirme sa prise, sans un mot, rivant son regard dans les yeux de Moustique pour lui donner, et y chercher son assentiment. Sa main se tend à nouveau, suppliante.
Moi et Ghost, on continu. Mais tu dois me tirer à toi...

Lui, il a l'impression d'être de moins en moins. Sans souvenirs, il n'est que les convictions qu'il se donne : être un garçon qui protège la veuve, le veuf et l'orphelin. Ça sonne faux, il le sent -ne sait pas pourquoi- mais arrive à être debout grâce à cette idée.

Être surprotégé, c'est comme du poison.

Mais tout s'écroule. C'est comme si sa fierté mal-placé avait blessé BD et rendu encore plus vulnérable Birdy. Il ne voulait plus que le grand brun s'épuise pour lui, pour eux-deux même, mais n'a pas réfléchit au reste. C'est sa fierté, le vrai poison. Il ne sourit plus et semble vraiment en détresse de la situation qu'il a engendré.

Il est temps de fuir.

Cette sensation le prend à la gorge, lui donne presque des ailes qui l'aiderai à courir malgré le milieu. C'est trop compliqué, trop de responsabilité, il veut juste s'en aller. C'est un lâche après tout. Pourtant, il se redirige juste vers Birdy et BD, et les enlace de ses bras maigrelets.

« Pardon, je... je voulais pas. J'ai fais du mal ? Je voulais pas. » Sa voix tremble un peu. Il s'écarte, redresse la tête et passe sous le bras de Birdy. Sa gorge est serrée, pourtant, il arrive à articuler. « On reste ensemble, on se protège les un les autres. C'est un serment. » De ses maigres forces, il se jure d'aider son groupe à sortir de ses foutus marais. « Appuie-toi sur moi. Il faut qu'on sorte d'ici. »

Il le fera car c'est un homme, un vrai !
Non, ça sonne vraiment faux...

Son jumeau semble dérouté, et sa voix tremble, fragile dans cette atmosphère si lourde qui presse leurs corps dans un étau de menace étrangère a la Raison. Au lieu de simplement saisir la main tendue, il vient jusque sous son étreinte,soutenir sa carcasse de vieil adolescent décharné. Désolé ?...Alors que l'enfant l'enserre dans sa prise imperceptible, l'oiseau de nuit s'orne d'un sourire de douce douleur, refermant son araignée de main blanche sur le bras de sa béquille organique.
-" Tu n'as rien fait de mal du tout..bien au contraire..". Il ne savait quel sentiment le reliait à ce reflet adoucit de sa personne, fragile, l'instant surmonté d'irréel par la créature qu'il avait hissé sur son dos, mais il se sentait serein.
L'enfantome lui libère un peu le passage, et finit par essuyer les gouttes d'effort qui collent les mèches du jeune homme à son crâne, le protégeant facticement de l'humidité presque érotique qui les entourent. Chaud, moite..le paysage, à de nombreux égard, s'apparente à une immense masse organique et respirante, qui les porterai en son sein tels ses enfants. Mais Khali, déesse de la mort et de la création n'a t-elle pas enfanté, avant de dévorer ses fils et ses filles dans un tourment de fureur animale..? Birdy respire ses humeurs, à sa déesse, acceptant tout ce que la Fortune pourrait lui offrir..mais lorsque accepter sa propre fatalité peut sembler facile, il sent son organe battant se serrer et se contordre en posant les yeux sur ses compagnons.

Rien fait de mal ? Il a sur-réagit ? Il ne sait plus, acquiesce sans savoir tant il se sent abruti par la chaleur et l'humidité. Il sent ses joues en feu et ne sait pas si c'est la gêne de tout la situation, juste la chaleur ou l'effort qu'il fournit. Ce qu'il sait, c'est qu'il n'a pas envie de s'éloigner. Il faut un temps à Moustique pour réagir au tissus de Bd, le saisir d'une main, tandis que l'autre reste accrochée à Birdy, et loucher dessus.

« Je suis pas sûr, non. P'tet avec ta lampe torche ? Ou Birdy ? »

Car Birdy, il semble y voir mieux que lui. Il arrive à éviter des trucs que l'insecte se prend. Alors peut-être ? Il lui met le tissus sous les yeux tandis qu'il continue à parler, cherchant à faire disparaître les tensions que l'ambiance marécageuse produit.

« Et j'arrive pas à trouver de nom de groupe cool. À part les Pataugeurs, vu ce qu'on patauge justement. Peut-être qu'il faudra qu'on voit ça plus tard... »

Il rit un peu, se sert un peu plus contre ses compagnons. Il a chaud et est trempé de sueur mais pour rien au monde ne voudrait risquer de perdre tout ça. Ses compagnons sont les seules forces qui lui restent, à présent.

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