02h-04h

Silence.
Détendue et apaisée, la jeune femme se croirait allongée sur une plage de sable fin. Elle sent presque la chaleur caresser son pâle visage innocent, et le clapotis des vagues lui chatouiller les orteils. Un léger sourire satisfait traverse ses lèvres pulpeuses, et c'est les yeux fermés qu'elle passe une main peu éveillée dans sa longue chevelure.
L'être à la peau pâle ne ressent que de l'apaisement. Elle se sent si bien, elle se laisserait aller. Le réveil le plus merveilleux du monde.

Une sensation humide la tire de son état post-sommeil. Une amande turquoise degne se montrer, et c'est d'un œil tout à fait endormi qu'elle plante son regard dans un ciel dégagé, et surtout étoilé. C'est alors qu'une forte migraine s'empare de son pauvre crâne endolori. Ainsi, la jeune femme de redresse légèrement, afin de pouvoir passer sa tête sur son front.

C'est quoi le délire ?

Elle sent son cœur se serrer subitement dans sa poitrine, et ses sourcils se froncent. Merde. Autour d'elle, elle n'aperçoit que du sable, une mer transparente mais sans fin, et une jungle terriblement menaçante.
La réaction première de la jeune femme est simple : que fout-elle là ? C'est une blague. Jamais, JA-MAIS elle ne se serait assoupie sur une place. Du moins, elle s'en serait rappelé.

Mais encore faut-il qu'elle se souvienne de quelque chose, la pauvre petite bête.
Sonnée, assise sur une plage déserte, la jeune femme réalise que le mal de crâne qui l'a prise deux minutes plus tôt engourdi totalement sa mémoire. Elle est incapable de dire ce qu'elle fout là, où elle habite, et encore moins comment elle s'appelle.
Ainsi sa réaction seconde est une folle panique la prenant dans la poitrine. Sa respiration s'accélère et son regard fouille la plage. Pourquoi cela lui arrive à ELLE ? Ok, elle a perdu la mémoire, mais cela ne lui empêche pas de réaliser que sa situation est inhabituelle.

En faisant retomber son bras sur le sable, sa main heurte quelque chose. Un sac ! Peut-être contient-il un indice. Peut-être que non en fait. Des vêtements plus saillants - elle se rend à peine compte qu'elle est vêtue en tenue de soirée, robe et talons hauts compris - du maquillage, des tampons, des paquets vides, des mouchoirs, et un coupe ongle. Dans une petite poche, elle trouve une bague sublime, à la monture en or. Cela ne lui évoque rien.

La jeune femme retire les escarpins de ses pieds endoloris et se met debout. Réflexe désespéré. Sa voix froide et cristalline s'élève sur la plage, transperçant de plein fouet le silence :

"S'il y a quelqu'un, c'est le moment de se montrer !"

Elle se sent aspirée, tout va très vite, les particules se fondent autour d'elle. Elle est happée, elle a le vertige, elle se sent tomber dans le vide. Elle ne se rend pas bien compte de ce qu'il lui arrive, elle ne voit rien, elle ne sent rien. Elle n'est juste plus là.

Elle atérrit ici, comme un cheveu sur la soupe, au milieu des deux protagonistes.