La fille, elle est bizarre. Elle parle un peu toute seule et elle s'évanouit comme ça, comme si elle avait vu un fantôme. Et le grand blanc, il est pas gentil. Birdy et Moustique c'est sa famille pas ses affaires. Moustique c'est pas un gringalet et Birdy est pas déconnecté il est attentif ! Pour qui il se prend ce géant hein ?

"Et on a des prénoms, grande perche délavée."

Alors moi je suis quoi ? Une petite perche délavée ? La question trotte un instant dans la tête de BD qui finit par oublier et va s'agenouiller près de la fille. Il lui plante sa lampe torche dans les yeux et lui ouvre un oeil sans ménagement, en triturant sa paupière.

"Debout là dedans, c'est pas l'heure de la sieste mamzelle !"

Le tout dit avec une charmante petite voix innocente qui ne pense pas à mal. Mais on a vu plus délicat comme réveil.

Trop de lumière. Soudain, trop de lumière. Le sentiment que quelque chose se braque sur toi alors qu'il ne devrait pas. Trop de lumière. Un changement immédiat entre le avant et le maintenant. Avant : le noir. Maintenant : la lumière. Et impossible de l'éloigner cette lumière qui te crève les yeux, qui t'explose les pupilles, qui te déchire le nerf optique. Allez Lip, il est temps de se réveiller. Allez Lip, il est temps de contrecarrer les plans de cette sale lumière qui s'insinue dans ton esprit.

Ainsi, tu ouvres les yeux, tu crispes tes muscles et tu écartes cette lumière de ta vue avec ce que tu trouves dans ta main. Une chose que tu n'avais pas remarqué, mais qui n'avais pas quitté ta poigne. Une chose ronde, dure et chaude. Réconfortante. Une arme ? Non, bien trop rond. Un ballon ? Non, bien trop petit. En même temps, ce que tu as dans la main, tu n'en as strictement rien à foutre. Tout ce qui t'importes, c'est cette sale lumière que ne te lâches pas. Et cette petite voix qui te crie un je ne sais quoi en rapport avec la sieste. Rien à foutre.

Sur le sable mouillé, tu te relèves et te retournes pour échapper à cet éclair.

Maintenant, tu as un peu froid. Alors tu les regardes tous en te relevant. Tu as moins mal. Tu es de nouveau plus toi. Tu leur souris. Il ne te reste plus qu'à leur dire.

"-Il fait un peu froid non ?"

Un peu froid ? Laisse-moi te réchauffer, laisse-moi te prendre dans mes bras. Comme une vague - ou plutôt, comme un tsunami, une immense chape de brume s'élève de l'océan. Elle reste quelques instants suspendue au-dessus de la crique ... avant de retomber dans un silencieux vacarme et d'engloutir les cinq naufragés.

Aussitôt, ces derniers perdent toute conscience du monde qui les entoure. Plus un son, plus une seule sensation : comme flottant dans l'espace, les yeux fermés, ils naviguent sans repère dans cette brume étrange. Mais ils ne sont pas vraiment à la barre ...

Puis, sans prévenir, le monde commence à réapparaître. Leurs pieds retrouvent le contact de sol, les bruits commencent à revenir à leurs oreilles. La brume ne disparaît pas tout à fait, cependant ; bien que moins dense, elle reste suffisante pour les empêcher de voir à plus de quelques mètres, ou même à leur masquer la clarté du jour. Car vous êtes désormais en   6H-8H et, que vous le voyiez ou non, le soleil s'est levé sur l'Île.

Lip:

Racine:

BD:

Moustique:

Birdy: