04h-06h

C'est bien. Le sujet fâcheux s'éloigne comme la mangrove qui petit à petit laisse place à une forêt. La boue laisse tantôt place à de la terre, tantôt non. Il y a des baies, certaines déjà vues et testées, même ; d'autres non, inconnues au bataillon. Psyché était un peu déçue de ne pas avoir pu trouver ses anciens camarades, mais elle n'allait pas faire demi-tour pour autant. Et puis, comme elle ne se souvient pas vraiment du chemin qu'ils avaient emprunté, peut-être ne sont-ils pas loin ?

Elle a envie de parler, la petite Psyché, elle a envie de combler le bruit de leurs pas sur le sol, elle a envie de combler le silence de son esprit. Alors elle décide de mettre ses faibles connaissances à profit.

«  Hum... Pour les baies je te déconseille de prendre les rouges et noires, elles sont empoisonnées. Je ne sais plus lesquelles sont comestibles vu que j'ai... Disparu avant de pouvoir en consommer. Et peut-être que par chance on recroisera le serpent je suis sûre qu'il nous aidera ! »

Un frisson la parcourt quand elle repense à la réaction presque colérique de BN quand elle avait dit un truc dans le genre à propos du serpent. Elle espère qu'Iceberg ne réagira pas de la même façon, mais vu qu'elle n'était pas là, sans doute pas. Il est gentil pourtant, ce serpent...

Bref, elle ne sait pas quoi dire de plus pour aider, elle se sent tout de même moins inutile qu'auparavant.

«  Tu as lu la bible dis ? Le serpent. Il n'est pas gentil. Ou méchant d'ailleurs. J'espère qu'il nous aidera. J'espère vraiment. Oh et j'ai trouvé quelques barres de céréales dans le sac qu'était avec moi... Si tu as faim.  »

Sans hésiter Psyché saisit la barre qu'Iceberg lui tend. Elle ne mangera la moitié, pour encore en avoir pour plus tard. Peut-être trop enfant mais pas stupide.
Ses jambes commencent à fatiguer. Depuis qu'elle est arrivé sur cette île, ils ne font que marcher ou courir, elle ne se souvient pas avoir fait une quelconque pause. Bien qu'elle avait accéléré pour montrer son désaccord, c'est maintenant ralentir qu'elle fait.

«  Dis, tu penses pas que ce serait bien de trouver un endroit pour se reposer un peu ?  »

Elle le dit d'une petite voix doucereuse, presque implorante.

C'est d'accord. Une pause, une sieste, n'importe quoi pour se reposer. Mais ce serait être trop optimiste. Peut-être aurait-elle pu espérer s'assoupir dans les cabanes dans les arbres, mais au sol, en pleine forêt ? C'est rêver. Elle s'arrête et regarde autour d'elle pour espérer trouver un endroit où s'asseoir. Mais petit à petit... Le bruit et les attaques des insectes habituelles cessent pour laisser place à un calme plat. Le même que la dernière fois. Son coeur accélère. Elle chuchote.

«  C'est lui...  »

Elle sourit en tournant sur elle-même, fouillant chaque recoin perceptible – pas beaucoup, donc – pour le trouver du regard.
Mais... Est-ce que ce sera vraiment ce serpent ou une autre créature de cette île  ?

Un silence tellement silencieux que même le silence semble bruyant. Ce genre de silence là, oui. L'excitation de Psyché laisse place à la peur. Cette peur qu'elle ne connaît que trop bien depuis un certain temps. La peur qui remet tout en doute, la peur qui fait perdre pied, qui chamboule tout. La peur de l'inconnu, simplement. Pas le temps de se poser trop de question, de trop réfléchir, la voix est faible, petite, mais tellement audible. Trop.

«  Il faut être bien sage. Il faut être vraiment sage ici. Sinon, ça sera la fin pour vous.  »

Cette voix... Elle est familière à Psyché mais en même temps étrange, ça ne sonne pas pareil. Différente. Sa voix tremble, comme ses mains stressées qui se nouent et se dénouent perpétuellement. Si c'est vraiment le serpent, elle déstressera, mais quelque chose lui dit que ce n'est pas lui. Non.

«  B-Bonjour ? Si nous ne sommes pas sages, il faut nous le dire pour qu'on puisse vous satisfaire.   »

Elle se prononce indécise, elle n'ose pas vraiment dire ces mots. Mais elle le fait, plus bas, tout bas. Parce qu'elle ne pense pas au pire. Son corps lui dit que c'est dangereux, mais son cerveau ne capte pas. Cette personne/chose a fait taire des milliers d'insectes, toute une forêt même, en l'espace de quelques secondes, mais pour Psyché il y a un moyen que ce ne soit pas si mauvais que ça.

Intérieurement elle se force à se calmer, pourquoi est-elle si stressée ? Il n'y a pas lieu d'être. Juste une voix venue de nulle part au milieu d'une forêt en pleine nuit sur une île peuplée de personnes amnésiques. Elle n'y pense pas. Elle lance un regard hésitant à Iceberg, qu'est-ce que c'est, tu crois ?

«  Vous l'êtes, il faut le rester. Restez sage. Ne pas casser. Ne rien briser. Ni heurter. Ni blesser. Ni arracher. Ni détruire. La voix se rapproche. Psyché regarde autour d'elle. Ramasser et non cueillir. Passer dans cette forêts comme si vous n'y étiez jamais venues. Être un fantôme, ou juste un vent égaré.  »

Psyché ne l'avait pas vue tout de suite. Elle cherchait soigneusement autour d'elle, stressée, d'où pouvait provenir cette voix. Et c'est quand elle se retourne vers Iceberg pour voir si elle avait trouvé qu'elle la voit, doucement, se poser sur la tête de la jeune fille. Une araignée, grande. Trop grande, trop d'yeux que pour être naturelle. Mais qui s'en soucie ? Pas Psyché.

La gamine plante ses yeux dans ceux de la bête. Celle-ci s'incline, Psyché fait de même. Faudrait pas être impolie. A-t-elle peur ? Elle est en un sens rassurée que ce ne soit pas un fantôme ou un monstre de 8 mètres de haut avec une grosse hache dans son dos, mais une araignée... Pourquoi pas. Elle sera prudente, ne pas se faire mordre. Mais ça ne fait pas partie de sa liste d'horreur. C'est comme avec le serpent.

Ne pas cueillir ? Avec BN et Bella ils ont cueilli des baies... Mais ce n'était pas dans le coin, elle ne devrait pas le savoir.

«  Êtes-vous la reine ou le roi de ces bois ?  »

On pourrait penser que la flatterie attise la clémence, qu'elle est manipulatrice et interrogatrice pour obtenir quelque chose en retour. Mais franchement, non. Ca l'intéresse vraiment, Psyché, de savoir ce genre de choses. Sa période calme et pas trop stupide est révolue.

«  Nooooon, pas roi. Pas reine. Elle descend délicatement, gracieuse comme sait l'être une araignée sur l'épaule de Iceberg. Vous serez saaaage, oui ? Promiiis ?  »

Psyché hoche la tête. Elle ne comptait désobéir à qui que ce soit. Bien qu'elle ignorait qu'il y  avait des règles dans un endroit pareil. Elle hausse les épaules en souriant.

«  Pourtant je suis sûre que tu en aurais l'étoffe ! Et promis, on sera sage bien sûr !  »

Ce n'est pas qu'elle n'oserait pas aller dans le sens contraire d'une araignée de cette taille, c'est juste que s'il y a des règles, autant les respecter pour ne pas avoir d'ennuis. Peut-être qu'il y a une police du coin composée d'animaux, engagé pour faire respecter l'ordre. Pfff, même elle n'y croit pas. Alors elle tend la main pour serrer celle de l'araignée – communément appelée patte – pour sceller cette promesse. Et aussi pour toucher les poils qui doivent être tout doux.

Spoiler:

«  Pas roi. Pas reine. Fuhuhu. Direction ? Nooooon. Je donne les règles de ce jeux là, c'est tout. Je ne guide pas. Pas toucher, tu ne touches pas ! Tu ne réfléchis pas ?! Piquent, les poils, ils piquent ! Tu apportes tant de zizanie avec ton innocence. C'est amusant. Soit prudente. Ou tu te feras tuer. À bientôt !  »

Elle ne les aidera pas, il ne faut pas la toucher, elle pique. Sa main lui picote après avoir touché l'araignée. Psyché pensait que ce serait tout doux, mais en fait pas du tout. Déception. Elle se frotte la paume en écoutant la dernière phrase de la bête. Zizanie ? La petite ne comprend pas tout à fait ce qu'elle veut dire par là mais soit. À partir de maintenant elle décide de devenir plus prudente suite aux propos du mini-monstre.

«  À bientôt !  »

Elle crie en faisant signe de la main, souriante. Certes elle n'a pas tout compris, mais peut-être que son amie oui.

«  Bon... On fait quoi maintenant ?  »

Psyché se tourne vers Icerberg en lui souriant timidement.

HJ:

Spoiler:

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«  Tu aurais pu te faire tuer. Tu as conscience de ça ? Je sais bien que j'ai pas mon mot à dire. Mais quitte à choisir. Je préfère que ce soit toi qui survives et pas cette... araignée.  »

Psuyché réfléchit. Bon, à sa manière évidemment. L'idée de se faire tuer ne lui a pas traversé l'esprit une seule seconde. C'est vrai quoi, pourquoi est-ce qu'une araignée monstrueuse sur une île tropicale paumée serait offensive ? Tsss ces gens qui voient le mal partout. Bien Psyché.

«  Il ne faut pas voir le mal partout. Et bien sûr moi aussi je préfère être en vie, je serai plus prudente si tu veux.  »

Elle hésite à la prendre dans ses bras, un peu mal à l'aise ne sachant pas quoi faire mais elle se contente finalement de sourire.
Pendant ce temps là, elle n'avait pas remarqué que sa main lui grattait de plus en plus. Inconsciemment elle se chatouillait mais la douleur devient plus intense. Elle porte la main à ses yeux.

«  Heu... J'ai un problème à la main je crois.  »

Effectivement. Sa main est toute rouge et gonflée. C'est chaud, ça pique, ça fait mal. En y regardant de plus près elle aperçoit quelques poils d'araignée enfoncés dans la paume de sa main. Sans doute quand elle l'a caressée.

HJ:

Spoiler:

Iceberg se saisit de la main de Psyché et sans hésitation appuie sur sa paume. Elle émet un cri de douleur accompagné d'un « Hèè mais ça fait mal... »

« ... Tu n'écoutes jamais... rien. ...peut être du poison.  »

Entre temps elle la relâche.

«  Peut-être qu'il faut enlever les poils...  »

Aussitôt dit, aussitôt tenté de faire. Elle ressent une douleur atroce lorsqu'elle tire dessus et préfère ne pas y toucher, douillette. Les plonger dans la bouillase qui gît au sol ne serait pas non plus une bonne idée, elle y renonce également.

«  On continue d'avancer ? On trouvera peut-être un médicament pour arranger ça ? »

Elle demande innocente et souriante, comme si ce qui venait de se passer n'était jamais arrivé en montrant sa main enflée.

«   On trouve de l'eau suffisamment propre pour nettoyer tout ça. Et vite. Il va falloir que tu prennes sur toi parce qu'il est hors de question qu'on laisse ces trucs dans ta main. J'espère franchement que c'était pas du venin sur ses pattes.  »

C'était sans doute du venin sur ses pattes. Ca fait mal, horriblement mal. Psyché fait la grimace. C'est de sa faute, oui, elle s'en rend bien compte. Mais bon, rien ne sert de se lamenter sur soi-même, mieux vaut avancer pour trouver une solution.

«  C'en était, sans doute. Mais c'est pas grave – enfin si – on va trouver une solution !  »

Alors elle continue sa marche, espérant vraiment trouver quelque chose pour arranger ça.