Carcasse de navire au clair de lune.

Suite de ce RP.

02 - 04h.

"Tourner en rond" ne convenait pas. Mais la sensation était bel est bien là : voir à nouveau une plage s'étendre sous ses yeux l'agaçait quelque peu. A un détail près. Une énorme masse sur la pâleur du sable.

Une épave. commenta-t-il sobrement.

Entendant Nox s'extirper de la végétation derrière lui, il s'avança. Parce qu'il n'y avait fichtrement rien d'autre d'intéressant à des mètres à la rondes (ceux qu'il distinguait dans l’obscurité). Indifférent aux grains s'installant dans ses baskets.

Des feuilles, plein de feuille partout qui venait m'agresser. Leur seuls avantages, c'était qu'elles me permettaient de mieux suivre Chausson. Me servant du bâton pour juger le chemin que je prenait, je n'arrêtait pas de faire de grand geste devant moi afin de vérifier que je n'allais pas me prendre une branche traître en pleine tête. Peu à peu, Chausson s'éloigna de moi. Il allait trop vite, je n'arrivais pas à le suivre. En fait, j'en pouvais plus, c'était fatiguant de remuer les bras dans tous les sens. Elle venait à peine d'arriver que Chausson repartait. La seule chose que j'avais pu comprendre était qu'ils étaient devant une épave. N'ayant même pas le temps de reprendre son souffle, elle essayait déjà de rattraper Chausson, trébuchant dans le sable. Lorsqu'elle se sentit assez près de lui, elle ralentit l'allure. Encore du sable, toujours du sable. Elle n'aimait pas le sable. Il n'était pas stable et rentrait constamment dans ses chaussures. Écoutant leurs pas sur le sable, elle ne put s'empêcher de se demander pourquoi Chausson ne parlait. D'un autre côté, chacun avait son caractère. Mais elle était fatigué et si elle ne s'occupait pas l'esprit, elle allait dormir debout. Mais que dire? La première qui lui passait par l'esprit:

-Tu sais si elle est bien conservé, avec des meubles d'époque?

Pourquoi avoir posé cette question? Elle ne pourrait pas les voir de toute façon. Il était vraiment temps qu'elle dorme.

Le sable humide relâchait ses chaussures avec bruits, tandis que le vieillard allait inspecter. Toucher.

Hmmm ancien. Dit-il, vaguement déçu. Les meubles ont dû pourrir depuis longtemps. Quant au reste...

Il jeta un regard alentours, n'y voyant toujours pas bien loin - toujours davantage que Nox certes, mais quand même -. L'air était frais, embaumant le sel. Ses pieds commençaient à barboter dans de l'eau de mer et des grains de sable.

Pas grand chose à en tirer si j'y vois rien. Fit-il remarquer.

Faire un feu et patienter peut-être... Mais Chausson n'était pas tenté par aller chercher du bois sur l'épave, au risque de se blesser inutilement.

Faire du feu pour attendre... Mais pas de bois à brûler... Attirer l'attention... Grommela-t-il.

Puis sans prévenir, il s'affala par terre. S'élevèrent bientôt des ronflements discrets, presque timides. Le vieux avait piqué du nez.

Ce qui était bien avec Chausson, c'était qu'il ne posait jamais de question. Il y en aurait pourtant. Peut-être que plus rien ne l'étonnait. Qui sait. J'avais froid aux pieds, l'eau s'imprégnait dans mes chaussures, ce qui était vraiment désagréable. L'épave était vieille, c'était la seule chose que je savais. Ah si! On n'y voyait rien. Enfin, ça ne changeait pas grand chose pour moi. Mais il fallait s'attacher à chaque détails puisque je n'avais rien d'autre à quoi m'attacher. Et si Chausson voulait faire du feu, pour ma part, j'étais un peu perdue. Comment trouver du bois sur une plage quand on ne voyait rien? Alors que j'écoutais avec attention les différentes possibilités , il s'arrêta en plein milieu de la phrase. Que se passait-il? Je commençais à paniquer quand des ronflements s'élevèrent. Je rêvais ou il était en train de dormir?! D'un autre côté, je le comprenais. Sauf que moi, je faisais quoi dans tout ça? De toute façon, d'après Chausson, on ne pouvait rien faire. Et il était impensable que j'arrive à faire du feu. Je ne savais pas pendant combien de temps il allait dormir, mais l'eau rentrait dans nos chaussures. L a seule chose que je pouvais faire était de le tirer hors de l'eau et d'attendre qu'il se réveil. Coinçant mon bâton sous mon bras, je cherchai à tâtons ses pieds, et me mit à le tirer jusqu'à un endroit sec tout en marmonnant:

-Pff, il pèse son poids tout de même...

Puis je m'assis en attendant je ne sais pas trop quoi. Pour passer le temps, je me mis à chantonné une chanson que j'avais en tête, mais pourquoi? Aucune idée:

-Un régiment de fromage blanc... Déclare la guerre au camembert...

Le vieux se redressa brusquement, yeux grands ouverts.

Le temps l'permet, on peut attendre sur la plage. Conclut-il. J'la connais c'te comptine...

Mais Chausson était incapable de se remémorer la suite. Puis une sensation fort désagréable lui demanda son attention : celle du sable s'étant glissé partout, que ce soit dans ses vêtements ou sa tignasse. Qu'il gratta furieusement un instant, les yeux écarquillés. Regardant autour de lui, il vit Nox plus proche qu'elle n'était un instant plus tôt. Et une traînée dans le sable menant étrangement jusqu'à lui.

Le vieillard jura. Attendre avec les vêtements plein de sable. Ô joie. Se levant, il recula de quelques pas. Lorgna la petite. Puis commença à retirer son t-shirt, tout en lui tournant le dos.

Tu t'rappelles de la suite ? Grommela-t-il, pas très à l'aise. Pas trop froid ?

Il agita la loque tel un misérable drapeau, renvoyant les petits grains rejoindre leur saleté de confrères.

Eh ben dis donc, il a le sommeil léger le vieux. Non, en fait, son sommeil est super bizarre. Il fait des microsiestes mais impossible de le réveiller quand il dort. Pourtant, j'avais pas du être très douce quand je l'avais déplacé, étant donné que j'étais pas très forte, et qu'il pesait son poids. Mais il s'était réveillé d'un coup. Genre, c'est tout à fait normal. Un juron, puis un bruissement de drap. Flap, flap. Oups, j'avais du mettre du sable. D'un autre côté, comment faire autrement? On était sur une plage. Et je pouvais vraiment pas le porter sur mon dos. La suite de la chanson, si je la connais? Mmmh, ça devait être quelque chose comme...

-Le port salut n'as pas voulut... Car le Rocquefort était trop fort... Encore plus fort... Un régimen de fromage blanc...

Je m'arrêtais là car je ne voulais pas attirer l'attention d'éventuelle autres personnes. C'est vrai, quoi, fallait se méfier de tout, surtout quand on était aveugle. Frissonant, je maudis le fait d'être sur le rivage. Ici, le vent venait frapper les rares personnes assez timbrés pour sortir la nuit sur la plage:

-Si, ça caille...

J'attendais quelques minutes. D'abord patiemment, puis, de moins en moins. Pff, que c'était long. J'étais trop tendue pour dormir et je m'ennuyais ferme. Prenant un peu de sable dans la main, je le laissait s'écouler, mais s'était nul parce que je ne pouvais pas voir le vent emporter les grains. Tournant la tête vers Chausson, je demandai:

-On en a encore pour longtemps?

Puis, de la même façon:

-T'as une idée de jeu?

Et oui, passé une certaine heure, j'étais une vrai gamine. Non, c'était faux, mais fallait bien passer le temps.

Moi j'ai une idée...

Une petite mélodie s'élève dans le silence. Un sifflement tout à fait anormal. " Don't worry. Be happy " chantonne une voix grave.

Spoiler:

Oh la belle jeune fille que voilà ! Quel dommage qu'elle ne puisse pas le voir... Pourtant, il a envie d'entrer en contact avec elle. Lui qui est si discret d'habitude, commence à taper dans ses mains. Il ne cherche pas à suivre le rythme de la mélodie non, il manifeste simplement sa présence. Alors, que vas-tu faire Nox ?

Spoiler:

Un sifflement s’élevait. Qu'est-ce que c'était cette histoire encore? C'est pas que j'étais peureuse, mais franchement, j'étais pas rassuré dans le noir, enfin dans la nuit, parce qu'il faisait toujours noir pour moi. Qui sifflait? Et qui avait parlé? Autant de questions qui se succédaient dans ma tête. J'aimais pas ça. Je me sentais vulnérable. Trop vulnérable. Trop seule, trop petite, trop faible. Mais il ne fallait pas montrer cette faiblesse. Ou au moins pas montrer que j'avais peur. Je ne savais pas pourquoi, mais je le sentais. Un autre son s'éleva. Un claquement de main. Qui ne suivait pas le rythme en plus. Qui était là? Et qu'est-ce qu'il me voulait? Grr, ne pas avoir les réponses. Ne jamais avoir les réponses. C'était pénible. Depuis le début, on se moquait de moi. Et ça m'énervait. J'aimerais tellement pouvoir répondre avec assurance, lancer une petite pique. Sauf que mon corps refusait de répondre à mon esprit. Pire, il se mit à trembler. Ah, mais, qu'est-ce que tu fais? Stop! Bon, bah puisque mon corps m'avait lâché, autant utiliser ma voix. De toute façon, je ne serais pas plus pathétique.

-Qui...Qui est.. là? Qu'est ce..ce que vous me voulez?

Et voilà. Une voix tremblotante. Une voix de faible. Parce que seul ceux qui paraissent faible son faible. Et moi, j'étais la plus faible des faibles. Pathétique.

Oh ? La chanson ne répond, pas non, pas du tout. La voix répond avec la même lenteur joyeuse.

" In every life we have some trouble,

When you worry you make it double

Don't worry, be happy "

Elle a peur la très chère petite... Mais il ne faut pas s'effrayer pour si peu voyons ! Lentement, le petit homme s'approche de Nox, jusqu'à poser un doigt sur ses lèvres. Ce n'est pas le moment de parler mais de se rappeler. Souvenir.

Nox:

Spoiler:

Pas de réponse. Rien. Et Chausson qui ne se réveillait pas. J'aurais eu envie de lui donner des coups de pieds, de le faire réagir. Comment pouvait-on dormir dans une atmosphère pareille? Il n'entendait pas la musique? Cette plage était flippante, cette île était flippante. Un bruit. Un bruit de pas. J'aimerais me reculer. Mais je ne peux pas. Je perd toute volonté. Je veux savoir ce qui se passe, malgré ma peur. Comprendre. Ou au moins essayer. Un doigt. Un doigt sur ma bouche. Et la même question que je me pose: qui? Ou quoi? Mais inutile de chercher, je n'aurais aucune réponse, je le sens. Je ne pourrais répondre qu'à la question pourquoi? Et encore, si j'avais de la chance. D'un coup, je me retrouve autre par. Je l'entend, le bruit n'est plus le même. Il n'y a plus le son doux et régulier des rouleaux de vagues sur la plage. C'est plutôt un bruit de machine. D'imprimante. Je ne sais pas comment, mais je le sais. Qu'est-ce que c'est? La réponse me procure une joie immense: un souvenir. Peut-être pas un souvenir de rêve, après tout, je n'était pas une princesse ou autre chose super génial. Mais c'était mon passé.

Captivée, j'avais tout oubliée. Je n'était plus sur une île, je n'arrêtait pas de me remémorer ce souvenir. Il était à moi. Il m'appartenait. J'en avais même oubliée ma situation. Pour la première fois depuis que je m'étais réveillée, je me sentais bien. Parce que je me disais que j'avais une chance de retrouver mes souvenirs. Un mots. Murmuré dans un souffle.

- Merci...

Je savais que j'étais un pantin. Que l'île s'amusait avec moi. Et que mon passé n'était peut-être pas si bien que ça. Mais tant qu'on pouvait répondre à mes questions, j'étais heureuse. Pour un court moment, mais j'arrivais à être heureuse. Tant pis si Chausson ne se réveillait pas. Moi, je veillerais du mieux possible. Et pour le moment, j'allais me laisser bercer par la musique, que je trouvais moins effrayante depuis que j'avais eu le souvenir, peut-être parce que je l'associait au premier pas vers mon passé. Me balançant en rythme, je me demandais à quoi pouvait ressembler les reflets de la Lune sur la mer.

Quel dommage que tu ne puisses pas voir ce superbe spectacle, que tu ne puisses pas apprécier ces rouleaux de brume épaisse qui arrivent directement sur toi, sur vous. Peut être que tes autres sens perçoivent ce vrombissement d'air, cette humidité chargée de particules d'eau qui s'approche toujours plus vite. Cette brume latente qui vous ensevelit, qui rampe à vos pieds et engloutit tout autour de vous, tu ferais mieux de ne pas te débattre ma jolie, tu es dans Mon piège.

Tu ne savais déjà pas quelle heure il était n'est-ce pas ? Et bien, je ne vais pas t'aider, tu n'entends plus rien, et tu auras beau crier personne ne te répondra. Le poisson chanteur l'a sentie, lui, la brume. Sa voix s'est faite de plus en plus basse, elle se perd dans le brouillard, elle se brise en milles échos qui te désorientent un peu plus pour finalement peu à peu s'éteindre et te laisser à la merci du silence, le silence de la brume. Tu es obéissante et c'est très bien, l'autre ne l'a pas été. La brume se teinte de rouge, tu ne peut pas t'en apercevoir, elle prend la belle couleur écarlate dont est à présent recouvert ton compagnon d'infortune. Il n'aurait pas du essayer de briser mes règles, il est mort maintenant.

Oh ça ne dure pas bien longtemps, tu n'es déjà plus là, tu es à présent en 06-08h, mais comment pourrais-tu le savoir ? Même ceux qui voient n'arrivent pas à distinguer réellement le jour dans cette purée de poix.
Ding Dong ♪ Il est temps d'ouvrir de nouveau tes oreilles et tes narines. L'odeur a changé, l'air a changé. Tu n'es plus où tu étais, la brume t'as au moins hydratée, c'est sympa non ?

Nox:

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Carcasse de navire au clair de lune.

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